Le vécu psychique des femmes face à l’interruption volontaire de grossesse
L’IVG est une expérience intime aux vécus psychiques très variés, allant du soulagement à des émotions plus complexes. Un accompagnement bienveillant, notamment par une conseillère conjugale et familiale, peut aider à traverser cette étape avec plus de sérénité.
Chrystelle Oeuvrard-Moreau
5/11/20253 min read
Le vécu psychique des femmes face à l’interruption volontaire de grossesse
L’interruption volontaire de grossesse (IVG) est un acte médical encadré par la loi, mais il s'agit également d'une expérience profondément intime et singulière. Si la société tend à en parler sous l’angle du droit ou de la santé publique, le vécu psychique des femmes concernées reste parfois peu exploré ou mal compris. Cet article propose un éclairage sur les dimensions psychologiques de l’IVG, sans stigmatisation, mais avec respect et lucidité.
Des parcours et des expériences multiples
Aucune IVG ne ressemble à une autre. Le vécu de chaque femme dépend de nombreux facteurs : son âge, sa situation familiale, son parcours de vie, ses convictions, son entourage, ou encore les circonstances de la grossesse. Certaines femmes vivent cette décision avec soulagement, d'autres avec ambivalence ou douleur. Entre liberté retrouvée et sentiment de perte, les émotions peuvent être multiples, parfois contradictoires.
Il est donc essentiel de reconnaître que l’IVG n’est jamais un geste anodin, même quand il est assumé sereinement. Cela ne signifie pas nécessairement souffrance ou regret, mais plutôt qu’il s’agit d’un événement marquant, souvent chargé émotionnellement.
Les émotions les plus fréquentes
Dans les suites d'une IVG, les femmes peuvent traverser diverses émotions : soulagement, tristesse, culpabilité, colère, peur, vide… Certaines vivent un apaisement immédiat, d’autres ressentent une instabilité émotionnelle transitoire. Ces réactions ne relèvent pas d’un trouble psychique mais d’un processus d’adaptation normal à une situation complexe.
Les études montrent qu’un petit nombre de femmes peuvent développer des symptômes anxieux ou dépressifs à court terme, souvent en lien avec une absence de soutien ou un vécu antérieur difficile (violences, deuils, isolement). En revanche, et malgré ce qu'on peut souvent lire sur les réseaux sociaux, il n'existe pas de syndrome post-IVG. Le lien entre IVG et dépression durable n’est absolument pas établi scientifiquement.
L’importance du contexte relationnel et social
Le regard porté sur l’IVG par l’entourage joue un rôle majeur dans le ressenti des femmes. Un soutien affectif et une écoute sans jugement permettent souvent d’apaiser les tensions intérieures. À l’inverse, une pression extérieure – qu’elle soit familiale, religieuse ou sociale – peut exacerber la souffrance psychique.
Par ailleurs, certaines femmes se retrouvent seules dans cette démarche, sans pouvoir partager leur expérience. Le silence, parfois imposé ou choisi, peut renforcer un sentiment de solitude ou de confusion émotionnelle.
Le rôle de l’accompagnement psychologique et relationnel
Un accompagnement bienveillant, dès le moment où une grossesse non désirée est identifiée, peut faire toute la différence. L’entretien pré-IVG, lorsqu’il est réalisé dans un cadre de confiance, permet à la femme d’exprimer ses doutes, ses émotions et ses valeurs. Il ne s’agit pas de l’influencer dans son choix, mais de l’aider à clarifier ce qu’elle ressent et ce qu’elle souhaite.
Après l’IVG, certaines femmes ressentent le besoin de reparler de ce qu’elles ont vécu, parfois des semaines ou des mois plus tard. Offrir un espace d’expression libre et sécurisé est alors essentiel.
Conclusion : un accompagnement humain au cœur du parcours
L’interruption volontaire de grossesse est un acte médical encadré, mais il est aussi une expérience humaine singulière, qui mérite écoute et respect. Au-delà des aspects techniques et légaux, c’est tout un vécu psychique qui se joue pour les femmes concernées.
Dans ce contexte, la conseillère conjugale et familiale joue un rôle précieux. Professionnelle formée à l’écoute, elle peut accompagner les femmes avant, pendant ou après une IVG. Elle aide à mettre des mots sur ce qui est vécu, à apaiser les conflits intérieurs, et à retrouver un sentiment d’unité. Son rôle n’est ni médical ni moral, mais profondément humain : soutenir sans juger, et accompagner sans diriger.