Les différentes façons de faire couple aujourd’hui

Les différentes façons de faire couple aujourd'hui

Une pluralité de modèles amoureux

Longtemps perçue à travers le prisme du couple hétérosexuel, monogame et marié, l’union amoureuse connaît aujourd’hui une diversification sans précédent. Les sociétés occidentales assistent à une redéfinition du couple, à mesure que les normes évoluent et que les aspirations individuelles prennent davantage de place. Mariage, concubinage, union libre, relations à distance, polyamour, cohabitations intermittentes ou couples non cohabitants (les LAT, Living Apart Together) sont autant de manières de « faire couple » qui coexistent dans le paysage contemporain.

Selon une enquête de l’INSEE de 2023, 58 % des Français adultes vivent en couple (https://www.insee.fr/fr/statistiques/7666901?sommaire=7666953) . Pourtant, parmi ces derniers, près d’un million de couple sont « non-cohabitant », c’est-à-dire qu’ils ne vivent pas sous le même toit que leur compagne/compagnon. Cette situation témoigne de l’émergence de nouvelles formes de conjugalité, souvent choisies en réponse à des besoins d’autonomie, à des contraintes professionnelles ou à des conceptions différentes de l’intimité.

L’individualisme et ses effets sur la conjugalité

La montée de l’individualisme, analysée par des sociologues comme François de Singly dans son ouvrage « Sociologie de la famille contemporaine », a profondément transformé les attentes envers la relation amoureuse. Aujourd’hui, le plus souvent, la relation ne repose plus sur la complémentarité des rôles (traditionnellement genrés), mais sur la recherche de l’épanouissement personnel. On n’est plus en couple « pour remplir un devoir » ou « parce que c’est ce qu’on fait » mais pour « se réaliser » et « partager une compatibilité émotionnelle ».

Cette mutation n’est pas sans ambivalence : si elle favorise des liens plus égalitaires, elle peut également engendrer une instabilité accrue. Le couple devient un lieu d’exigences affectives élevées, exposé aux frustrations et à la difficulté d’inscrire la relation dans la durée. La notion d’engagement se complexifie, oscillant entre désir de sécurité et besoin de liberté.

Les apports de la psychanalyse contemporaine

Du point de vue psychanalytique, le couple reste un lieu de projections inconscientes majeures. Comme le soulignait Jacques Lacan, l’amour consiste à « donner ce qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas ». Les choix de partenaires sont souvent influencés par des schémas répétitifs hérités de l’enfance, des conflits non résolus avec les figures parentales ou des désirs inconscients.

La psychanalyse contemporaine, notamment à travers les travaux de Jean G. Lemaire, met en lumière l’importance de la reconnaissance mutuelle dans le lien amoureux. Le couple est ainsi un espace de construction psychique autant que de cohabitation. Mais lorsqu’il devient le théâtre d’une lutte entre dépendance et autonomie il peut générer souffrance et confusion.

Les dynamiques sociales et culturelles

La psychologie sociale rappelle que les comportements de couple ne peuvent être détachés du contexte socioculturel. L’évolution des droits (mariage pour tous, reconnaissance des familles recomposées ou homoparentales), la place croissante du numérique dans les rencontres et les échanges, ou encore la pression à la réussite amoureuse (souvent véhiculée par les réseaux sociaux), influencent profondément les trajectoires conjugales.

Les représentations idéalisées de l’amour romantique cohabitent avec des pratiques plus pragmatiques : gestion de la carrière, équilibre familial, santé mentale, sexualité, parentalité... Tous ces éléments font du couple une entité mouvante, constamment réajustée.

Le rôle central du conseiller conjugal et familial

Dans ce contexte de complexité relationnelle et de diversité des formes conjugales, le conseiller conjugal et familial joue un rôle essentiel. Formé à l’écoute, à la médiation et à la compréhension des enjeux psychologiques et sociaux, il accompagne les couples dans leurs difficultés, leurs transitions ou leurs choix.

Qu’il s’agisse de restaurer la communication, d’éclairer les conflits sous-jacents, de prévenir les séparations douloureuses ou de soutenir des individus dans leur réflexion affective, son intervention permet de remettre du sens là où l’histoire commune vacille. En tenant compte des évolutions actuelles, le conseiller ne juge pas les modèles choisis, mais aide à construire un lien conscient, ajusté et respectueux des singularités de chacun.